De nombreuses personnes ont choisi de soutenir publiquement l’IEO du Cantal.
Nous leur avons demandé tout simplement : que représente l’occitan pour vous ?
Voici leurs réponses :
Sven Ensing, collégien en section bilingue à Saint-Cernin
Je m’appelle Sven et j’ai aimé l’occitan dès ma rentrée à la Calandreta del Vernhat, j’avais quatre ans. Pour moi l’occitan est la langue du pays, du Cantal. Je la parle avec mes voisins, les gens du pays et avec mon papi et mon arrière-grand-mère. Ce serait un désastre pour la vie culturelle de toutes les régions occitanes si elle venait à s’éteindre. Vive l’occitan !
Gilles Lassalle, agriculteur bio, Giou-de-Mamou
J’ai appris l’occitan avec mes parents. Dans ma jeunesse, les agriculteurs se retrouvaient pour se donner des coups de main pour les travaux agricoles et ils ne parlaient que patois ! Malheureusement, il n’était pas question de parler cette langue à l’école, c’est dommage… Mais aujourd’hui, je parle encore de temps en temps. Pour moi, c’est la langue de l’amitié et de la convivialité. Je reste optimiste, car nous sommes nombreux à être attachés à nos racines. La langue, c’est notre patrimoine, il restera.
Patric Bec, instituteur, collecteur, musicien, Saint-Flour
L’occitan c’est bien sûr notre ancrage : la langue de notre territoire, de sa culture et de son histoire. En tant qu’instituteur, j’ai toujours cherché à la transmettre, pour permettre aux enfants de prononcer correctement les noms de lieux ou de familles de leur environnement mais aussi pour faciliter la communication avec les générations précédentes et l’ouverture vers d’autres langues, vers d’autres cultures. Avec le groupe tRaucatèrme, comme musiciens, chanteurs, nous partons de chansons traditionnelles, de poésie, mais non pour les figer, bien au contraire, pour les faire vivre ! Et nous échangeons ainsi avec d’autres, ceux d’un autre temps ou ceux d’un autre lieu.
Julie Walter, psychologue à la maison de retraite de Laroquebrou
L’occitan est la langue de mes grands-parents maternels. Comme on ne me l’avait pas transmise, j’avais l’impression de passer à côté de tout un pan de mon histoire familiale. Pour combler ce manque, j’ai décidé de prendre des cours et j’ai pu ainsi découvrir la poésie de cette langue. J’y trouve aussi un réel intérêt professionnel car cela me permet d’échanger dans leur langue maternelle avec les résidents de la maison de retraite. Parler occitan, ce n’est pas qu’une question de vocabulaire ou de conjugaison, c’est une façon de penser et de voir le monde. Dans mon métier, c’est donc un atout essentiel.
Marie-Jeanne Verny, professeure d’occitan à l’Université Montpellier, cantalienne d’origine et de cœur
On n’abolira pas, hélas, des années d’humiliation, on ne rendra pas aux nôtres la dignité qu’on leur a volée en les sommant de déposer à la porte de l’école leurs galoches crottées et la langue de la maison. Mais nos langues existent encore, en France. On ne les a pas encore tuées, elles sont tout près, dans la mémoire des gens, et dans ce qu’on appelle la compétence passive. Elles vivent aussi dans la création: littérature, musique, théâtre, cinéma… Beaucoup en ont encore la compétence active, mais il leur manque le cadre social, public, où pouvoir les entendre et les parler en dignité.
Guy Brun, muséographe, scénographe, Loubaresse
L’occitan, c’est ma langue première, celle de mon intimité familiale, de mon grand-père Guillaume, de mes parents Berthe et Romain, de « ma conteuse adorée », Marie Chevalier ; c’est la langue de mes paysages cantaliens, celle qui nomme les maisons, les prés, les vallées et les montagnes ; c’est la langue de ma conscience politique qui refuse ce centralisme d’État, celle de Gardarem lo Larzac, celle des artistes musiciens, chanteurs, comédiens, qui lui ont redonné sa force et sa modernité culturelle et, du coup, ma fierté d’être d’ICI .
Florent Pons, travailleur social, Yolet
Pour moi, parler occitan c’est du bon sens parce qu’avec le français c’est la langue du Cantal. Pour moi, parler occitan c’est comprendre pourquoi tous les cantalous s’appellent Puech, Lafont ou encore Laborie. Pour moi, parler occitan c’est se poser face à l’uniformisation du monde. Les langues c’est comme les animaux ou les plantes, plus il y a d’espèces plus on est riche. Pour moi, parler occitan c’est narguer le conformisme. Pour moi, parler occitan c’est garder un lien affectif avec nos mamies qui roulent les « RRR » et qui jurent en patois. Macarèl
Christiane Peyrat, retraitée, originaire de Thiézac
La langue occitane est avant tout pour moi celle de l’enfance, celle entendue dans les étables, sur les estives ou dans les prés, lors des foins. Elle est celle qui dit les saisons, le troupeau, la nature. Plus tard, je l’ai connue à l’université du Mirail en fac d’espagnol. Je ne peux malheureusement pas la parler mais je la comprends et je la lis. Elle est la langue des poètes d’hier et d’aujourd’hui. Elle est inséparable pour moi de la cabrette, de l’accordéon et du violon ; inséparable des bourrées et des regrets. Elle est la langue de l’exil intérieur.
Famille GAZAN Béatrice, Christian (coiffeur) et Titouan, ancien « calandron », Saint-Simon
La valorisation d’une langue c’est plus que de la culture, c’est de l’histoire. L’histoire de nos familles, l’histoire de nos souvenirs. En cultivant ce petit jardin, on cultive l’amour qui nous rattachera toujours à nos ancêtres et avec cela nous construisons demain. il faut continuer à permettre aux cantalous de transmettre ce patrimoine car il fait partie des trésors du Cantal, de la région et de la France.
Marie-Lou Alazard, conseillère à la Chambre d’Agriculture, Aurillac
J’ai « appris » l’occitan sans l’apprendre en entendant mes grands parents parler entre eux ou avec les voisins. J’ai eu la chance de pouvoir le pratiquer trois ans au lycée. Ce serait vraiment dommageable que l’occitan vienne à disparaître car c’est une langue extrêmement riche, je suis « bluffée »quand je vois qu’il faut une à deux phrases en français pour traduire un seul mot en occitan. C’est important de maintenir ce patrimoine culturel pour le faire découvrir aux touristes et à ceux qui vont venir s’installer dans le Cantal.
Félix Daval, professeur d’occitan retraité, écrivain et conteur, Badailhac, Aurillac
J’ai du plaisir à écrire en occitan en prose et en vers, raconter en oc la vie des gens dans la langue où ils l’ont vécue, d’exprimer mes sentiments dans ma langue maternelle, le faire dans une autre langue serait une mauvaise traduction. Il faut donner envie à tous ceux qui « cachent cette langue qu’on appelle patois de la sortir de la poche et de s’en servir » et donner envie aussi aux gens qui vivent dans les régions occitanes de l’apprendre et de la pratiquer. Pour créer les conditions favorables nous avons besoin de moyens.
Didier Huguet, professeur des écoles, conteur, Aurillac
C’est d’abord la langue de mes grands-parents : une musique, une chaleur, tout un univers contenu dans une pièce unique sertie d’alcôves. Transcendant la fuite du temps, m’est restée la passion intacte du collectage auprès des actuels dépositaires de la tradition orale. En devenant conteur et musicien, j’essaie aujourd’hui, à ma manière, de les fêter et de rendre toute sa dignité à une langue et à une culture trop souvent méprisées, minorées, remisées.
Françoise Delmas et André Chavaroche, employée de banque et enseignant, Aurillac
L’occitan est notre langue de cœur. Nos grands-parents et parents nous l’ont transmise tout naturellement, sans vergogne : leurs «biais de dire», leurs contes, leurs chansons nous accompagnent encore. D’ailleurs, l’occitan est omniprésent dans notre environnement, la toponymie, nos expressions, et notre accent chantant du sud… ! Nous souhaitons que la langue occitane perdure et vive. Elle fait partie de notre patrimoine et sa transmission est essentielle . «Sens racinas, pas de flors !»
Roland Provenchère, jeune retraité, Roannes-Saint-Mary
L’occitan est pour moi la langue de mes aïeux, de mon pays, de mon identité. Face à la normalisation de la société, il est indispensable de défendre sa culture. J’ai été co-fondateur de la calandreta d’Aurillac mais il serait indispensable qu’il y ait des collèges laïques bilingues en Auvergne. Malheureusement, la plupart de ceux qui nous gouvernent de droite ou de gauche ont à cœur de finaliser l’extinction des langues dites « régionales ». La suppression ou la diminution des aides à la culture occitane en est l’exemple.
Elise Boisson, psychomotricienne , Aurillac
En arrivant dans le Cantal il y a 13 ans, j’ai vite découvert l’occitan qui émaille la langue française cantalienne. Et puis ensuite j’ai découvert la danse, les chants occitans et j’ai eu envie de parler cette langue car elle est pleine de sens là où je vis. Riche de son patrimoine et de sa créativité, je trouve que l’occitan porte une culture pleine de diversité et de modernité.
Nicolas Gey, peintre et agriculteur, Vic-sur-Cère
Peut-être y en a-t-il encore quelques-uns pour se réjouir des merveilles d’une vie façonnée par l’industrie et l’administration. Pour ma part, je prends plaisir à voir encore le vol lourd d’un lucane, à enjamber des cohortes de salamandres après la pluie, à faire la sieste à l’ombre d’un frêne centenaire. Je m’estime heureux de connaître le goût des morilles et des cèpes, et aussi celui des tripous. Et d’entendre, et de comprendre, et de chanter, et de rire avec les amis dans la langue d’ici.
Isabelle Théron, psychologue scolaire, Marcolès
La langue occitane me renvoie à de merveilleux souvenirs familiaux et scolaires. Elle permet un lien privilégié avec les personnes qui la connaissent et la pratiquent. Elle reste parole, expression de soi, transmission de la culture et préservation de la socialisation.
Stéphane Pagès, avocat, originaire du Carladez
L’occitan est une langue merveilleuse, pluriséculaire, située au cœur de notre culture européenne et de son histoire. Si nous ne défendons pas notre propre culture, notre patrimoine, notre identité même, qui le fera ? Parti de zéro ou presque, j’apprends cette langue depuis 5 ans, avec passion. Je tire ainsi un plaisir non dissimulé à accéder à la littérature occitane, mais aussi à converser avec les personnes dont c’est la langue maternelle, qui semblent apprécier cet effort. En effet, Nelson Mandela ne disait-il pas : «Si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend, vous parlez à sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, vous parlez à son cœur » ?
Isabelle Costes , conseillère pédagogique et musicienne, Aurillac
L’occitan, c’est la langue de mes vacances d’enfant en Aveyron… Lors des retours à Paris, la nostalgie était allégée en écoutant les apartés entre mes parents, que nous n’étions pas censés comprendre… J’essaie aujourd’hui de développer la sensibilisation des jeunes à travers mes fonctions dans l’Education Nationale et à travers le chant et la danse au sein du trio AMIS’trad. Je constate avec plaisir que de plus en plus d’enfants dans le département savent de quoi je parle quand j’évoque l’occitan et en maîtrisent quelques mots, quelques expressions, quelques paroles chantées… Ne laissons pas retomber cet élan !
Marguerite Salat- Deygas, retraitée, Raulhac
Étant née dans le Carladez, je souhaite plus que jamais y voir vivre la culture locale par la langue occitane. La vie au pays, dans son authenticité, construit, nourrit chaque enfant, tout être de singularité. Je souhaite voir reconnue la culture occitane, par la musique, le chant, la danse, le conte, l’écriture… pour que la génération actuelle et à venir s’y reconnaissent, s’y nourrissent. Il faut donner cet accès par la création. Pour cela, les associations locales qui œuvrent dans ce sens ont besoin de moyens.
Denise et Jacques Champeyroux, retraités de l’Hôpital Public, Aurillac
Plus que la langue des troubadours ou de Mistral, l’Occitan représente pour nous les mythes et les contes, la musique et les chants, autrement dit les représentations, les croyances ou les pensées de tous ces gens qui, de l’Auvergne aux Pyrénées, du pays gascon à la Provence, vécurent dans cette région. Ce fut le support de leurs joies et leurs peines, leurs espérances et leurs peurs. C’est le mérite de l’IEO de développer son étude et de mettre à notre disposition un lieu de connaissance et de réflexion.
Famille Chausy, Vezels-Roussy
Famille occitane depuis toujours. Parents de deux enfants, nous les avons scolarisées à la Calandreta del Vernhat. Ce choix n’a pas toujours été compris ni au sein de la famille, ni dans notre village. Aujourd’hui il est conforté par la réussite scolaire de nos enfants. Leur double culture, leur ouverture d’esprit sont des richesses inestimables. Mon mari, musicien, fait vivre notre langue dans des bals et concerts. Lorsque je repense à mes beaux-parents écoutant nos filles dire les comptines de leur enfance, à leurs sourires, à leur bonheur d’entendre notre langue vivante, je me dis que nous devons continuer. Nous devons transmettre cette magnifique langue, si riche, aux générations suivantes.
Jean-Paul Soubeyre, agriculteur retraité, Carladez
L’occitan est toute ma vie. C’est la langue de mon enfance que je continue de parler régulièrement avec les anciens du village. Il est important pour moi de continuer à faire vivre cette langue en la transmettant aux plus jeunes. C’est un patrimoine essentiel, bien plus important qu’un buron, une église ou un four banal.
Daniel Brugès, peintre et écrivain, Neuvéglise
– Parce que la première langue que j’ai entendue dès ma naissance, puis prononcée quelques années plus tard, fut l’occitan,
– parce que mes parents me l’ont toujours parlée jusqu’au moment où je suis rentré à l’école et parce qu’ils ont continué par la suite
– parce que je n’ai eu aucun mal au niveau scolaire à me mettre au français tout en continuant a parlar patoès a l’ostal e amé la familha
– parce que j’ai pris l’occitan en option au bac et que j’ ai « ramassé » un maximum de points
– parce que, devenu adulte, j’ai écrit quelques livres dans lesquels l’occitan a tenu une place importante
– parce que, dans les classes où je fus maître d’école, j’ai toujours raconté quelques contes ou chanté quelques chansons en occitan
– parce que, élu conseiller municipal puis 1er adjoint à la mairie de Neuvéglise j’ai toujours échangé en lenga nòstra avec les administrés parlant la langue,
– parce que j’aime cette langue et continue à la pratiquer dès que je peux (et c’est souvent), tant à l’écrit qu’à l’oral…
j’apporte mon modeste soutien à l’IEO et à son combat permanent pour notre langue, celle des gens d’ici et d’ailleurs, celle puisée dans les hautes et les basses terres. Celle qui m’a fait ce que je suis aujourd’hui.
La lenga d’aicí a lo gost del vent e del solelh, a la color de las montanhas e de las planas, a la fòrça indestructibla de l’esper et del bonur. La lenga d’aicí s’escriu en letras d’r al mièg de cada chamin.
Si vous aussi vous souhaitez soutenir l’IEO, signez la pétition : Pétition IEO 15
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